Forum Ile-de-France. Partout où il passe, le tramway redistribue l’espace, transforme les franges en voies de passage et réconcilie les habitants avec la ville. D’où son retour en grâce.
Inauguré mi-décembre par le maire Bertrand Delanoë et le président du conseil régional d’Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, le prolongement du T3 ceinture petit à petit la capitale après avoir conquis toute la rive gauche. La voilà qui attaque la rive droite et met cap au nord, désenclavant des quartiers et les requalifiant au passage. Sur les 580 et 280 millions d’euros que les deux collectivités ont investis, 150 ont été consacrés aux «réaménagements urbains qualitatifs» le long du tracé.
Dans toutes les villes, le tram oblige à rebattre les cartes du partage de l’espace public en faveur des transports en commun, des cyclistes et des piétons (1). La voiture, qui a envahi la cité depuis un demi-siècle, est priée de rétrocéder un peu de bitume. Le T3 suit les boulevards des Maréchaux, sorte de périphérique intra-muros, où la circulation automobile est passée de trois à deux voies dans les deux sens, avec un terre-plein engazonné sur lequel circulent les rames. Les contre-allées squattées par le stationnement ont été supprimées pour élargir les trottoirs et créer des pistes cyclables. «Au-delà de l’offre de transport, le tramway fait bouger les lignes de la ville et de l’aménagement urbain, dit encore Julien Bargeton. Des trottoirs plus larges, des pistes cyclables, la redistribution de la voirie, ça engendre de nouveaux modes de vie et donc de nouveaux comportements.»
Le tramway contribue à créer une ville plus apaisée et plus agréable à vivre. Selon une étude réalisée en 2012, six ans après la mise en service du premier tronçon du T3 entre le pont de Garigliano et la porte d’Ivry, 91% des habitants alentour et des usagers jugeaient que le paysage urbain avait été amélioré, 60% des riverains disaient que leur qualité de vie était meilleure. Aujourd’hui, la mairie de Paris constate aussi une petite mutation des commerces : l’alimentaire et les restaurants tendent à remplacer la réparation automobile qui profitait du caractère très routier des Maréchaux.