Internet pour sauver la culture : Ah la belle découverte ! Une découverte qui a valu Forum dans notre chère ville ! Belles limousines et beaux parterres étaient au rendez-vous mondain, bien abrités du peuple par un cordon de CRS de grande ampleur et particulièrement agressif. On sait depuis longtemps que souvent les montagnes accouchent de petites souris ; au bout du troisième Forum on peut considérer qu’il en sera de même pour le Palais des Papes dont la beauté et la grandeur n’arriveront pas pour autant à accoucher de projets novateurs.
Mais en plus, il y a comme un mauvais parfum dans ce forum. Ce parfum du fric qui découvrirait que l’internet pourrait porter des germes de bonheur pour le développement de la culture. Ce parfum des hypocrites qui s’appuient sur la richesse culturelle d’une découverte pour en faire une richesse financière à flux tendu. L’histoire de l’humanité est parsemée de ces exemples comme par exemple ces découvertes de Paix transformées en marmites dans lesquelles ont bouilli les ferments de la Guerre.
Alors à regarder (de loin certes) le forum d’Avignon paraît se positionner sur cette non nouveauté : laisser les intelligents découvrir le bonheur technologique dans les valeurs de l’internet pour le développement de la culture, non pas pour tous mais pour chacun. Les hypocrites sont toujours à l’œuvre quelle que soit la période dans laquelle se trouve l’humanité. La question que ce posent ces proficulteurs est simple : comment chacun va apporter son fric dans une culture numérisée au profit des groupes tisseurs de toile planétaire ?
Et Madame le Maire qui lève le doigt pour demander que notre ville soit reconnue pour son « exception culturelle », quand on lui présente une étude qui qualifie la ville de « rentière ». Parce que notre ville serait donc marquée de cette conception épicière de la culture, comptable de la barrière qui fait payer les touristes spectateurs. Alors bien sûr c’est évident, il faut passer à autre chose .Un Forum ça sert à faire le passage de l’épicerie à la grande surface, et tout ce beau monde le sait : la toile est de nature à générer des gains de productivité culturelle insoupçonnés dés lors que l’on aura donné une nouvelle mission à la politique culturelle.
Une nouvelle mission : le débat est dans le droit fil de l’acharnement idéologique auquel se livre la droite réactionnaire au pouvoir. La Culture ne doit pas échapper à la poussée de financiarisation de tous les pans du développement humain. Le travail, la santé, les besoins essentiels pour vivre dignement sont passés au « profitage » de l’individualisme au détriment de la solidarité. Ainsi la culture est mise au service d’un Etat réduisant les droits fondamentaux et les libertés publiques. Qu’on ne s’y trompe pas : Le Forum d’Avignon est en ordre de marche au bruit des bottes des réformes multiples.
Le Président de l’Université d’Avignon, de son côté nous alerte dans un message double : Il dit qu’« Avignon est une capitale culturelle » (ce qui sous entend que l’humilité doit prévaloir loin d’une exception vantarde qui veut masquer le désert papal) et « rien dans la culture et les études, ne remplacera le contact direct et les échanges humains ». Les proficulteurs dégainent leurs taux de profits quand on leur parle de culture. A l’évidence il reste encore des découvreurs anti-diafoirus qui prononcent le mot « humain ». On peut se dire alors que l’odyssée pour une humanité solidaire et juste n’est pas arrivée à sa fin. Il y a encore de l’espoir. Ils nous signifient que la ville porte en elle encore des ressources, des richesses, des valeurs et des pistes d’espoirs pour des lendemains non exceptionnels mais ordinairement solidaires et démocratiques : tout un programme qui vaut forum !